Trois
toreros mexicains font l'actualité, mais le premier, Joselito Huerta, dans la
rubrique nécrologique. D'origine indienne, Joselito Huerta, «le Lion de Tetela», mort à 67 ans le
11 juillet au Mexique à la suite d'une hépatite C, assurait qu'il était torero
avant de naître: sa mère, enceinte de lui, avait été chargée par une vache.
Huerta est un des rares toreros mexicains à s'être imposé en Espagne, où il est
arrivé en 1955. Aidé par la famille de Juan Belmonte, il y torée comme
novillero le 2 mai à Jerez, fait sa présentation à Madrid dans la foulée, puis
combat trois fois à Séville en coupant chaque fois des oreilles. C'est à
Séville, le 21 septembre 1955, qu'il prend l'alternative des mains d'Antonio
Bienvenida. Sa tauromachie classique et courageuse lui permettra en 1956 et
1957 de se produire régulièrement dans les grandes arènes espagnoles. Au prix de nombreux coups de cornes, il sera le torero numéro 1 des années 60
dans son pays, jusqu'au 30 novembre 1968: ce jour-là, à Mexico, le toro
Pablito, de l'élevage Reyes Huerta lui ouvre le ventre.
Il revient diminué aux
arènes l'année suivante, reçoit un autre grave coup de corne en décembre 1970 à
Aguascalientes et, à la suite d'un anévrisme cérébral, s'évanouit devant un
toro le 7 décembre 1971 à Tlaxcala. A Mexico, le 28 janvier 1973, il fait sa
dernière corrida et coupe une queue à Huapango, un toro de Llaguno. «El Indio Grande de Tetela» s'était ensuite
lancé dans la politique et les affaires taurines. Madrid l'a revu toréer il y a
quatre ans, lors du festival d'hommage à El Soro. Autant la tauromachie orthodoxe de Joselito Huerta était proche des canons du
strict style de Ronda, et donc assimilable par la sensibilité espagnole, autant
l'excentricité d'El Glison, qui lui vaut la curieuse hostilité des puristes
mexicains, est hérétique. Qu'y
a-t-il de commun entre Huerta et cette tête brûlée qui, en 1987-1988, était en
tête du classement des novilleros mexicains et remplissait les plazas ? Les coups de cornes: 22 pour Huerta, 33 pour El Glison. « 33, c'est un chiffre qui me plaît », dit ce dernier. Matador depuis son alternative du 2 septembre 1990 à Monterrey, c'est un torero démantibulé. Du genou au pied, sa jambe droite est morte. Dans l'arène, il porte une prothèse, ainsi qu'à son bras et à son poignet droit. Il se laisse volontairement attraper par les toros, leur donne des coups de poings, les tue parfois sans muleta. Il la jette, prend son épée à deux mains et fonce dans le tas. L'autre jour au Mexique, devant un toro immobile, il a fait une démonstration de tauromachie de salon puis a estoqué son adversaire et a coupé deux oreilles « sans donner une passe », explique en rigolant son apoderado espagnol, Antonio Garcia.
El Glison, qui torée avec des bas blancs et porte une queue de cheval,
ressuscite aussi quelques archaïsmes du temps de Goya. Il s'assied sur une
chaise et saute le toro. Ou il plante des banderilles courtes, assis sur une
chaise. «A chaque toro, il fait quelque chose », affirme Garcia.
Glison, qui a onze enfants parce qu'il refuse l'avortement, s'est arraché du
Mexique pour tenter le coup en Espagne avec les siens: « Je veux être
un torero important, toréer en Espagne, en France, au Portugal. »
El Glison est un aventurier, mais la tauromachie n'est que sa dernière aventure. A 17 ans, il est parti en stop en Alaska ou il s'est fait pêcheur de saumons. Puis il a travaillé dans un cirque avec des tigres. Il a fait du football américain, du rodéo au Kansas sur des zébus. II a été cavalier charro. C'est au cours d'une charreada (rodéo à la mexicaine) que le souffle de la corrida l'a attrapé. Un toro d'une tonne a foncé sur lui et lui, à pied, l'a esquivé sans bouger, juste avec un écart. «Là, j'ai pris le goût pour la charge du toro.» El Glison, qui a eu le temps de faire des études d'ingénieur agronome, écrit, chante, s'intéresse au cinéma. Il est l'auteur d'un disque, Flor y Espada, d'un recueil de poèmes, De la Mujer, del Toro y de la Vida, et rédige en ce moment un roman, «qui a à voir avec la philosophie et la religion». Il apprécie le philosophe Ortega y Gasset, donne des conférences sur la tauromachie et la gangrène, étudie le français. S'il est célèbre au Mexique, c'est aussi pour ses prises de positions politiques en faveur de la démocratie. Il a toujours été un opposant au Parti révolutionnaire institutionnel (PPJ), «une dictature» au pouvoir depuis la Révolution zapatiste et qui a perdu l'année dernière l'élection présidentielle au profit de Vicente Fox, candidat du PAN, parti dont El Glison est un vieux militant. Ses amis politiques le poussent à être candidat aux élections de gouverneur de l'Etat de Coahuila, où il est né. II ne dit pas non. Malgré toutes ses activités, El Glison n'a jamais arrêté de toréer, sept à huit corridas par an. «Torero, c'est bien, cela permet de faire autre chose.» Au Mexique, on le dit en fin de course, trop cassé. Ça le fait marrer. Il pense que la vie d'un homme comporte trois stades: un stade physique, un stade mental, un stade spirituel. Il veut boucler son stade physique en se faisant reconnaître comme torero en Espagne. Après, il fera de la politique, écrira des livres, se lancera dans d'autres trucs. Il se définit comme philanthrope et balance :«Il faut donner à l'homme à manger, mais aussi lui donner à parler.»
El Glison est un aventurier, mais la tauromachie n'est que sa dernière aventure. A 17 ans, il est parti en stop en Alaska ou il s'est fait pêcheur de saumons. Puis il a travaillé dans un cirque avec des tigres. Il a fait du football américain, du rodéo au Kansas sur des zébus. II a été cavalier charro. C'est au cours d'une charreada (rodéo à la mexicaine) que le souffle de la corrida l'a attrapé. Un toro d'une tonne a foncé sur lui et lui, à pied, l'a esquivé sans bouger, juste avec un écart. «Là, j'ai pris le goût pour la charge du toro.» El Glison, qui a eu le temps de faire des études d'ingénieur agronome, écrit, chante, s'intéresse au cinéma. Il est l'auteur d'un disque, Flor y Espada, d'un recueil de poèmes, De la Mujer, del Toro y de la Vida, et rédige en ce moment un roman, «qui a à voir avec la philosophie et la religion». Il apprécie le philosophe Ortega y Gasset, donne des conférences sur la tauromachie et la gangrène, étudie le français. S'il est célèbre au Mexique, c'est aussi pour ses prises de positions politiques en faveur de la démocratie. Il a toujours été un opposant au Parti révolutionnaire institutionnel (PPJ), «une dictature» au pouvoir depuis la Révolution zapatiste et qui a perdu l'année dernière l'élection présidentielle au profit de Vicente Fox, candidat du PAN, parti dont El Glison est un vieux militant. Ses amis politiques le poussent à être candidat aux élections de gouverneur de l'Etat de Coahuila, où il est né. II ne dit pas non. Malgré toutes ses activités, El Glison n'a jamais arrêté de toréer, sept à huit corridas par an. «Torero, c'est bien, cela permet de faire autre chose.» Au Mexique, on le dit en fin de course, trop cassé. Ça le fait marrer. Il pense que la vie d'un homme comporte trois stades: un stade physique, un stade mental, un stade spirituel. Il veut boucler son stade physique en se faisant reconnaître comme torero en Espagne. Après, il fera de la politique, écrira des livres, se lancera dans d'autres trucs. Il se définit comme philanthrope et balance :«Il faut donner à l'homme à manger, mais aussi lui donner à parler.»
Mais le 14 juillet, des Miuras sans pitié sont sortis du toril de Pampelune et
El Zotoluco, une et une oreille, a triomphé. Ca va changer sa vie ? «En
perspective oui, en réalité non, parce que tous les programmes sont bouclés au
début de la saison», explique son apoderado, José Manuel Espinosa. Zotoluco
est seulement contacté pour remplacer Padilla à Mont-de-Marsan jeudi. Et à
Béziers, Dax, Bilbao en août, peut-être. Le coup de Pampelune lui a uniquement
fait gagner un contrat à Nîmes en septembre. Pour son manager, Zotoluco a
labouré en 2000, semé en 2001 et devrait logiquement récolter en 2002, où il
est déjà engagé pour la feria de Séville.
Là
où justement son compatriote «le Lion de Tetela» était devenu matador.
Jacques
Durand
Photo El Glison © Adrian Mealand "Mexadrian" - Haut et Bas © DR