Nyctalopes et Furtifs
Les nyctalopes sont clairvoyants: ils voient la nuit qu'il n'y a rien à voir
Un Acteur auquel il arrive des choses réelles
Lupe Sino, l’ange du maudit
Elle
est, officiellement, la maudite de l’histoire de Manolete. La réprouvée
certifiée conforme : Lupe Sino. Carmen Esteban a consacré à son histoire
d’amour avec Manolete un ouvrage tonique, peut-être pour répondre à la question
que lui a posée un jour José Tomás, grand admirateur de Manolete : «Qu’est ce que tu sais d’elle, quel genre
de femme c’était ?»
Antonia
Bronchalo Lopesino, dite Lupe Sino, Lupe comme
Le descendant d'Arthur
Dubout
Peajes
César
Humbles et Phénomènes
Lost Paradise
Howard, Johnny Halliday est un gentil chanteur yéyé, un peu rocker. Pas vraiment rebelle. À paris Il a de gentils copains, il chante de gentilles chansons, il fait de gentilles parties de billard électrique sous les yeux de sa gentille fiancée. Oh, pétard, mais c’est Sylvie Vartan ! Johnny est juste un peu turbulent. Il ne porte pas de blouson noir mais oui une veste à gros carreaux. Il ne chevauche pas une diabolique grosse Triumph Thunderbird comme Brando dans l’Equipée Sauvage mais, oui, une chouette mobylette Paloma Super Strada Flash 50 cm3. Mais voilà, il est, en toute innocence, pris dans une histoire de valise à trimbaler. Elle est pleine de drogue, il s’en aperçoit, jette la coke dans la Seine. Il ne mange pas de ce pain-là. Les trafiquants le recherchent. Pour leur échapper il part se réfugier « à la campagne » comme il dit. La campagne ? La Camargue. Le film, jusque-là en noir et blanc, vire à la couleur puisque le midi c’est coloré, non ? La Camargue c’est son pays d’origine. Il y a des parents et des amis bons comme la fougasse d’Aigues-Mortes. Les méchants l’y retrouvent, le séquestrent dans un vieux mas, lui foutent quelques baffes mais pim, pam, les amis camarguais le délivrent et mettent le mal en débandade. Voici Johnny sauvé par la Camargue « pays des gardians vigoureux, des taureaux sauvages, des chevaux indomptables mais sans danger et de la bouillabaisse d’anguilles » comme le dit Gustave dit le Shérif, personnage bonhomme à fort accent, joué par Fernand Sardou. Johnny qui y a désormais retrouvé la joie de vivre en chevauchant avec les gardians chante que pour lui « la vie va commencer » et qu’entre le soleil, ses amis, les chevaux, les taureaux, les apéros, les jolis oiseaux, les ersatz de flamenco -brève apparition de Manitas de Plata- « les années passeront sans bruit » dans cette carte postale camarguaise, pays unidimensionnel du bien et de l’enfance retrouvée, transformé pour l’occasion en yéyéland. Le sociologue Yves Santamaria* avait vu dans ce film « un processus de rectification de l’image de Johnny. » Image qui risquait, surtout après les incidents violents de son concert du 22 juin 63 place de la Nation, d’être assimilée à celle des blousons noirs. Donc en Camargue et dans tous les sens du mot, pour Johnny ça gaze et la première du film se fera devant un public d’anciens combattants et de ministres. Dans l’Express le critique Jean Louis Bory regrettera que le twist se soit rangé « du côté de la famille et de la patrie. »